MICHEL ROCARD
Geneviève Poujol et Michel Rocard se sont connus à Paris dans les groupes de jeunes adultes de la paroisse réformée du Luxembourg (rue Madame dans le VIe arrondissement). Michel découvre la Lozère à Meyrueis, une ou deux années avant leur mariage, dans un camp d'été. Ce furent des excursions sur le Causse Méjean, sur la montagn de l'Aigoual et jusqu'à la Can de l'Hospitalet. Geneviève et Michel se marient à Vébron le 24 juillet 1954. Le pasteur Pierre Durand préside la cérémonie.
La Lozère fut pour Michel le temps des vacances d'été dans sa belle famille Poujol. Laissons de côté sa vie politique, par ailleurs bien connue, et évoquons quelques aspects de sa vie estivale et familiale. Le jeune couple réside dans une vaste demeure, un des deux châteaux du village, celui du "bas", dont le charme principal réside dans une vaste terrasse plantée de marronniers donnant sur la vallée du Tarnon au-dessus du pont de Vébron. Michel a aimé discuter de tout, les après-midi, installé dans un fauteuil de jardin, sur cette terrasse. Il écoute avec respect et beaucoup d'intérêt son beau- père Pierre Poujol, professeur de lycée en reraite, membre du mouvement du Christianisme Social, qui veuf depuis 1944 est le "Chef" bon et indulgent d'une vaste famille qui y réside dans " l'indivision" : les couples de Jacques et Jocelyne, de Robert et Martine, de Denise et Claude et leurs enfants.
Pierre Poujol, membre de la SFIO, lui raconte le socialisme français, et l'histoire des socialistes et des chrétiens de 1848 aux années cinquante. Il le suivit au PSA puis au PSU. Michel entreprit et mena à bien la restauration de la vieille cuisine de cette vaste demeure qui est toujours au coeur de la partie de la maison attribuée après partage à Genneviève et aux enfants et petits-enfants Rocard : la famille de Sylvie, née en 1956, décédée en 2008 et la famille de Francis né en 1957.
Le professeur Yves Rocard, père de Michel, est venu quelques étés à Vébron. Il s'intéressait beaucoup à la physique et à l'hydrogéologie du Causse Méjean se demandant si on pouvait y installer quelque station d'observation dans le cadre d'un quadrillage du pays pour le Commissariat à l'énergie atomique. Il s'intéressait aux sources et j'ai le souvenir de l'avoir suivi, avec mon cousin Gérard, dans le vallon de " riou cabala" creusé sur le versant du Causse à la recherche de points d'eau. (Voir son Que Sais-je ? sur les sourciers). Il était intimidant et un peu bourru, et perdu dans ses pensées de savant. Un jour, il faisait les cent pas sur la terrasse de la maison et croise Pierre Poujol tenant un tuyau d'arrosage descendant jusqu'à la route afin d'éteindre l'incendie d'une cabane en bois face au pont. " Que faîtes-vous ?" dit-il. " J'éteins un incendie" répond mon grand-père. " C'est bien , continuez" répond le professeur qui fait cinquante mètres avant de se retourner et de s'exclamer : " quoi un incendie ?". Et de l'aider à tenir le tuyau !
Geneviève et Michel apprécient la cuisine des auberges de deux " mères cévenoles" : la cuisine de Lucette Ponge à l'auberge du Tarnon aux Vanels et la conversation de Lucien, la cuisine de Mme Ansaut à l'auberge des Hauts-de-Hurlevent à Cabrillac ( avec des écrevisses eet des champignons), deux auberges devenues mythiques. Ils ont des destinations favorites pour des sorties de groupe : le lever du soleil au sommet de l'Aigoual, en montant à pied après une courte nuit dans une grange à Cabrillac, le cap baré de Villeneuve sur le causse au-dessus de Vébron, les rochers de Nîmes-le-vieux autour du rocher pédonculaire de "la Marmitte" et les Goges-du-Tapoul entre Massevaques et Rousses.
Là Michel et ses beaux-frères jouent au casse-cou. Un été, son beau-frère Claude Vincent tombe dans un gouffre : on le sort et Michel le conduit à toute allure chez un médecin de Florac. Claude dira après la consulatation, à peu près : "j'ai eu plus peur de ta conduite que de ma chute ". Car Michel roule très vite et conduit de façon nerveuse sur les routes lozériennes ( des nnées au volant d'une Panhard Dyna). Un été Michel descend à tombeau ouvert la côte cardianle, encore blanche, entre la Can-de-l'Hospitalet et Salgàs, au volant d'une camionnette sans freins. La camionnette se retrouve dans un virage, une roue au-dessus du vide, à deux doigts de se verser.
Michel Rocard s'est intéressé à la vie du village. En 1965, il donne une conférence, avec participation aux frais, dont le bénéfice de 250 francs est versé aux recettes de la vente paroissiale de Vébron. Est-ce sa conférence sur le voyage de Geneviève et Mchel à Cuba, dont j'ai le souvenir très présent, et qui avait captivé un auditoire nombreux dans la "vieille cuisine" de la maison de famille ? Michel Rocard est membre du bureau de l'association Tarnon Aigoual créée en 1961 pour favoriser le développement touristique du village, afin que "ce pays revive". Ses piliers sont Claude Laperrousaz, un ingénieur ayant épousé une vébronaise, Henri Tessier, Georges Tessier, Robert Poujol, Lucien Ponge, Michel Rocard, Claude Vincent, Pierre Poujol, ... L'association se réunit à la mairie de Vébron. Elle oeuvra pour un premier aménagement de la place du village (pose de bancs publics, de bacs à fleurs, ...) avec pour but de faciliter la cohabitation entre les enfants, les personnes agées, les boulistes, les vacanciers et les premières voitures qui commencent à dévorer l'espace public. Elle s'activa à la signalisation et au balisage des chemins touristiques, à l'amélioration de la route du Causse. Le gros problème, non résolu, qui amena force courriers avec la sous-Préfecture, est celui de la décharge publique, en plein air et tombant jusqu'à la rivière, à la sortie du village, vers Florac, avant le rocher des fées. L'association est active dans la première moitié des années soixante. On peut affirmer, et cela n'a jamais été écrit, que c'est à Vébron et donc en Lozère, que Michel Rocard, qui était jusque-là fondamentalement un Parisien, a découvert les problèmes de ce que l'on nomme à présent "la ruralité".
En 1969, Michel Rcard et Geneviève Poujol se séparent. Mais le lien entre Michel et le village de Vébron est resté par ses deux premiers enfants et ses petits-enfants qui y sont tous attachés.
Chronique écrite par Olivier Poujol et publiée en collaboration avec Christian Doutres.
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